Bizoux
De Clercq
En vert et tout contre tous
Coucou Bizoux
Nous replongeons dans tes créations avec l’élan toujours présent de créer un livre pour t’honorer et te faire vibrer encore tout près de nous. Merci à toi pour la tendresse semée, tes créations sensibles, les liens tissés, les fêtes célestes, les éclats de rire et de Vie !
Merci pour tes « Je t’Aime inconditionnellement, parce que tu l’mérites bien ! »
On t’Aime inconditionnellement, parce que tu l’mérites bien !
Tes Ami·e·s,
La Bande à Bizoux
Certaines créations sont en vente avec l’objectif de collecter les fonds nécessaires pour créer un livre en l’honneur de not’ Bizoux.
Ce site
Pour en prendre plein les mirettes,
c’est par ici !
Certaines des oeuvres de Bizoux sont en vente pour financer l’édition de son livre !
Nous aspirons à faire éditer un livre sur notre amie pour raconter son émerveillement, son talent, sa tendresse… la sentir encore tout près de nous et la faire connaître
Une expo aux Ateliers Mommen
La belle occasion de se retrouver autour des oeuvres !
wij vivons
L’exposition « wij vivons », au Salon Mommen, présente les oeuvres de quatre artistes : Wim Taciturn, Louis Callebaut, Bizoux De Clercq et André Barthélemy. Ce panel bigarré remet en lumière et ré-active le plurivers des pratiques artistiques en un lieu que ces personnes et ces oeuvres ont, durant une longue période de leur vie, habité et créé. Ce lieu, les Ateliers Mommen, est leur dernière adresse connue.
Dealer avec la mémoire, le romantisme capitaliste occidental nous y a habitué. En procédant par soustraction, il est devenu classique pour les oeuvres de se retrouver dans les coffres-forts, les musées, les salles de vente. De même pour nos morts, il s’agit de faire son deuil. Mais faire son deuil prescrit une ordonnance qui ne concerne que les restant.e.s. Dans son livre « Au bonheur des morts », Vinciane Despret souligne la pauvreté que recouvre cette expression occidentale de « faire son deuil ». En définitive, cette formule prescriptive, dit-elle, « n’offre aux morts qu’une existence dans la mémoire des vivants et enjoint à ces derniers de détacher les liens avec les disparus ». Cette volonté de faire coupure hérite du règne de la Raison qui divise et crée un gouffre infranchissable entre un monde « vrai », palpable, objectivable, maîtrisable et un monde « faux », illusoire, fantasmatique, subjectif.
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« Faire son deuil » imprime notre culture et gouverne un « faire-monde », y compris celui des artistes et des oeuvres. « Dis-moi avec quoi tu viens ? » exige de poser le problème autrement : ces artistes-là, ces oeuvres-là, en ce lieu-là, à cette époque-là, voilà ce que j’ai ressenti, voilà ce que je partage. Cette manière de faire lien, de re-connecter, ne s’adresse pas à une hiérarchie de mondes mais à des mondes qui se frottent et se frictionnent. Poser la question de ce qui importe c’est faire compter ce que requièrent nos pratiques pour enrichir le milieu avec toutes ses relations d’interdépendances, d’agencements et d’associations transitoires. Les Ateliers Mommen sont alors non seulement un bâtiment posé sur x mètres carrés de terrain mais également un milieu plus large de patrimoine immatériel.
Or là, avec cette proposition, nous sollicitons un autre trajet tisseur de liens entre morts et vivants : nous voulons faire compter la presque jonction entre elles, eux, nous. Les histoires animées par ces re-trouvailles nous rendent capables d’agir. A travers ce rendez-vous, nous savons que nous devons prendre un risque : offrir encore aux oeuvres la possibilité d’un habitat ; offrir des coupelles de cacahuètes aux chèr.e.s. disparu.e.s et au petit monde qui le côtoie sur un mode le plus sereinement étoffé. Nous sentons en nous, délicatement, le trouble de revoir telle peinture expressionniste de Louis Callebaut, telle boîte collage en 3D de Wim Taciturn, les mains en plâtre de De Clercq, dite Bizoux, ou la lourde peinture, peinte et repeinte, d’André Barthélémy, dit Bartho.
Notre désir et notre appétit pour réunir de façon conviviale ce plurivers de modes d’existence résistent à toute tentation de figer une image d’Épinal. Nos morts habitent avec nous, ils ne sont pas hors de nos vies, leurs oeuvres nous touchent de façon sensible et nous aident à réactiver des valeurs de vie. « Tant que les sens montrent le devenir, écrivait Nietzsche, l’impermanence, le changement, ils ne mentent pas…Une condamnation de la vie édictée par un être vivant n’est en fin de compte que le symptôme d’un certain type de vie : la question de savoir si cette condamnation est justifiée ou non ne se pose même pas. Il faudrait être placé hors de la vie, et, par ailleurs, la connaître aussi bien que quiconque, que beaucoup, que tous ceux qui l’ont vécue, pour avoir seulement le droit d’aborder le problème de la valeur de la vie : autant de raisons qui prouvent que le problème n’est pas à notre portée. Quand nous parlons de valeurs, nous parlons sous l’inspiration, dans l’optique même de la vie : c’est la vie qui nous force à poser des valeurs, c’est la vie qui « valorise » à travers nous chaque fois que nous posons des valeurs… » Je décide de contacter quatre proches des artistes exposé.e.s, au prétexte non pas de témoigner (la réalité des oeuvres suffit) mais plutôt de prolonger par le partage un bouche à oreille d’anecdotes et d’en faire le récit. Trois ont répondu, je prends le rôle de la quatrième. Première réponse : celle d’Isa Muls, une jeune graveuse qui a occupé quelque temps un atelier situé deux étages au-dessus de Bizoux. Après quelques échanges d’emails, elle m’écrit : « C’est une merveilleuse idée d’exposition ». Puis, plus tard je reçois son petit mémo qui me raconte une anecdote de gravure :
« Nous avions le même goût pour l’aquatinte (une poudre très fine que l’on disperse sur la plaque avant de la chauffer pour la fixer). Un jour, j’avais des difficultés à chauffer l’aquatinte sur le métal. Je n’avais plus de gaz dans mon chalumeau et on était dimanche. Je suis descendue chez Bizoux. Elle m’a montré comment faire avec une bougie (comme il y a plusieurs siècles). J’étais fascinée. Elle m’a donnée sa bougie. Je suis montée dans mon atelier pour refaire ses gestes. Autant dire que je n’y suis jamais parvenue. Souvent, j’étais impressionnée par son audace. Elle n’avait pas peur de dépasser les conventions d’un art très codé, de jouer avec les limites de la gravure, de plonger sa plaque dans l’acide jusqu’à la transpercer. Chaque fois que je prends moi même un risque, je repense à elle, cela me donne du courage, m’aide à dépasser mes limites. D’une certaine façon active l’oeuvre à faire. »
Lors d’une réunion, Philippe Debroe, grand ami, photographe de Bartho, nous relate qu’au cours de l’exposition qu’il avait organisée aux ateliers de la Dolce-Vita en 2006, un amateur était fortement intéressé par une toile de la série de Marcinelle. L’accident du bois du Cazier à Marcinelle le 8 août 1956 l’avait beaucoup marqué, et cet événement devint son sujet dans les années suivantes dans de nombreux dessins et peintures. Au moment où la vente était en train de se conclure, l’acheteur fut pris par une effluve nauséabonde provenant du bas de la toile, et Philippe Debroe de confirmer qu’il s’agissait de la pisse d’un des chiens du peintre. Aucune conclusion n’avait alors abouti, si ce n’est que cette histoire de relation de Bartho avec les animaux, chiens, pigeons et souris marquait le personnage qui pouvait aller jusqu’à laisser sortir les mouches d’un musée où il travaillait, avant de fermer les fenêtres pour ne pas les retrouver mortes le lendemain ! Le vivant, dit le philosophe Jean Philippe Pierron dans LSD (France culture) du mois d’avril 2022, pour se définir « être capable de monde », demande d’être raconté par les récits de la biologie certes, mais aussi par les récits des arts dans leur diversité. L’intérêt de Bartho pour la mouche déploie un lien mouche-oeuvre-bartho qui agence peut-être une manière possible de résister au réductionnisme fonctionnaliste, aux grandes divisions de la Raison.
Réunir ces oeuvres n’alimente en rien un fait divers de ratage ni ne vise une créance à mettre sur le dos de l’histoire de l’Art : nous ne faisons pas le procès des experts qui n’auraient pas vu. Rassembler ces oeuvres n’apporte pas non plus la preuve d’une cohérence lisse de surplomb entre les propositions. En revanche, elles (ré) activent en chacun.e de ceux et celles qui les côtoient ce qui ce joue dans l’apparence et l’aventure plus qu’humaine. Elles réaniment des questions qui font prise sur le cours des amitiés, sur des communs partageables, sur des engagements dans les arts de la composition. Des questions de compositions artistiques mais aussi politico-terrestres qui germent dans des terreaux locaux en s’adossant à des époques qui les ont portées à l’existence. Chaque existence qui insiste témoigne de la fragilité des continuités, de la difficulté à se maintenir parmi la foule des sensations. Exposer aujourd’hui ces oeuvres issues du parcours singulier de chacun et chacune des exposant.e.s est aussi un défi. Nous n’ignorons pas que « l’approche scientifique des arts » pose d’autres questions et que ce problème « a, comme d’autres sciences, dit la philosophe Isabelle Stengers, pris le relais (celui de la physique) définissant leurs révolutions ou leurs pseudo-révolutions sur le même mode : ‘Vous ( le sens commun) croyiez que…, mais nous savons désormais que… ‘ Tous les coups sont permis : un pli a été pris qui identifie le « progrès » avec ce qui scandalise le public ». Avec ces mots destinés à l’ouverture de l’exposition, il s’agit de s’éloigner des digues de gouvernance qui, souvent dans nos civilisations occidentales, guident le public dans ses sensations, limitant alors les manières de faire monde avec les oeuvres. « Wim était une de mes connaissances dans les années 1970 et est devenu un très bon ami, m’écrit Herman Geys depuis Gerone en Catalogne espagnole. Je l’ai toujours connu comme un artiste de collage très dévoué et un personnage avec un très grand coeur. En 2005, il a vécu aux Ateliers Mommen, me les a fait connaître, et un peu plus tard je suis devenu son voisin là-bas pendant quelques années. De là, Wim et moi, avec Svetozar Kostíc (Kolé), avons organisé une exposition collective à Belgrade, Serbie en 2008 avec des artistes belges dans plusieurs galeries. Puis, en 2010, nous avons avec Kloot per W (musicien et artiste) exposé à la Casa de Cultura de Picassent (Espagne) et dans quelques galeries à Valencia. Wim n’était pas seulement un bon voisin, c’était un très bon ami qui me tenait à coeur, et qui me manque… »
A lire ces lignes d’histoires, me reviennent des moments singuliers qui insistent et que je décide de partager. Un après midi nous nous sommes retrouvés Roberta Giganté, Ben Lasserre, Philomène Zeltz et moi-même, autour de la table de Louis et Marisandra dans l’atelier avec la mission d’apprendre à encadrer, faire des belles marie louise, sourire, sur les conseils avisés du maestro anarchiste. D’une part, nous aidions Louis que l’âge et des ennuis de santé avaient affaibli à terminer de la sorte ces petites oeuvres qu’il appelait « vinotypes » et d’autre part, nous nous formions. Il avait lui même appris pas mal de techniques, dues en partie à son premier métier d’imprimeur. En effet, à cette époque-là, en bon fils, Louis avait pris dans un premier temps cette voie mais, par la suite, il rompit cette trajectoire toute tracée pour disait-il, « entrer en peinture ». Et ma petite saynète se passe cinquante ans plus tard, avec les dénommés vinotypes réalisées sur des sous-bocks fournis par des copains bistrotiers. Durant plusieurs jours, un cruchon de vin rouge, déplacé selon le dessin à venir, imbibait et teintait le support, avant que Louis ne mette la touche finale avec une pointe 0.5. Et cela donnait des portraits, que sa grande amie et voisine bizoux trouvait imprégnés de bienveillance, et dont elle avait encadré un grand nombre, avant que ses propres forces ne déclinent.
Aussi, entendez bien que nous convoquons une occasion actuelle de goûter à ces frictions entre les vivants et les morts dans un environnement habitable et partageable pour différents modes d’existence, avec l’appétit d’une réussite commune.
C’est renversant ! (On assiste à un renversement). Suivant l’ami philosophe Etienne Souriau, « l’artiste n’est jamais le seul créateur, il est instaurateur d’une oeuvre qui vient à lui mais qui sans lui, ne procéderait jamais vers l’existence ». Et là, ce sont les oeuvres qui instaurent l’artiste défunt ne pouvant plus venir à plus « d’existence », seul.
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